PLAY International : le laboratoire du sport pour l’éducation
Libérer l’impact social du sport, voilà la mission que s’est fixée PLAY International il y a plus de 22 ans. Nous sommes allés à la rencontre d’Arnaud Mourot, son Président fondateur, pour prendre de la hauteur et comprendre comment transformer le sport en un outil d’éducation.
Crédit photo: Rilindbeqa – European day of languages
La Playdagogie, une pédagogie active
« Il y a deux écoles dans le sport. Ceux qui pensent que le sport est pétri de valeurs. Et ceux qui, comme nous, pensons que le sport n’a pas de valeur intrinsèque. En réalité le sport est un médium… c’est une façon d’entrer en relation, en dialogue, en échange. Ce qui peut être pétri de valeurs, c’est l’intention pédagogique que l’on pourra mettre derrière » selon Arnaud Mourot. La marque de fabrique de PLAY International, « la Playdagogie », a vu le jour en Bolivie, alors que l’association travaillait sur la prévention du VIH. Grâce à un jeu sur ce sujet, les informations retenues étaient quasiment dix fois supérieures qu’avec une approche plus classique. L’association a donc réfléchi, structuré et formalisé cette pédagogie active pour permettre de l’adapter à de nombreux sujets.
« On ne s’est pas encore aventuré sur le terrain de la physique quantique via la Playdagogie, plaisante Arnaud. Mais on sait découper des problèmes en plus petits problèmes pour ensuite les retranscrire dans des séquences de jeu, de mouvements, etc. Au final, on est capable de créer un appétit pour l’apprentissage et une façon d’apprendre très différente et très impactante ». L’association s’est d’abord naturellement tournée vers des notions fondamentales du vivre ensemble, du respect des règles, avant de s’ouvrir à d’autres sujets comme le handicap, le bien manger, les sujets de genre, d’inclusion des réfugiés, et même l’apprentissage des mathématiques.
« Ce que l’on débloque, c'est l'envie, l’envie d’apprendre, nous explique Arnaud Mourot. L’école a été pensée pour une grande majorité des élèves, mais il y a quand même un certain nombre de personnes pour qui l'apprentissage, tel qu'il est structuré aujourd'hui, n'est pas adapté. On vient donc créer du plaisir, du mouvement, et ils se retrouvent à apprendre sans même s’en rendre compte. On contourne finalement un certain nombre de biais pour permettre à chacun de se réapproprier à sa façon des sujets fondamentaux ».
On est capable de créer un appétit pour l’apprentissage et une façon d’apprendre très différente et impactante
Arnaud Mourot, Président fondateur de Play International
Ce que le sport peut amener à la société
PLAY International a très vite assumé le rôle d’un laboratoire du sport pour l’éducation. L’association se rend sur le terrain pour découvrir quel impact le sport pouvait avoir dans des contextes différents. C’était déjà le cas en 1999, au Kosovo, en travaillant sur des sujets de réconciliation inter-ethnique et d’inclusion sociale des jeunes les plus vulnérables. Ou en Afghanistan en 2003 quand, après la chute des talibans, il fallait recréer les fondamentaux du sport féminin.
« Ce n’est pas qu’un laboratoire de l’éducation, nous corrige Arnaud. Mais de comment le sport peut contribuer à dépasser les traumatismes, les tensions, et au final dépasser les situations auxquelles les jeunes n’étaient pas préparés. »
Lors de son lancement, l’association était loin de soupçonner tout ce que la dimension éducative du sport pouvait apporter à la société. Un champ qui, d’après Arnaud, reste encore largement inexploré. « L’une des grandes questions pour nous aujourd’hui, c’est comment on peut contribuer à la création d’un écosystème plus large, plus solide, pluri-acteurs, dans lequel il y aurait effectivement des associations, des ONG, mais aussi des entreprises, des pouvoirs publics, … Il faut créer des alliances pour que le sport puisse nous aider sur les grands enjeux de société que nous connaissons tous : la santé, l’éducation, et même le changement climatique ! Ce n'est pas en faisant du sport que l'on va résoudre les problèmes de changement climatique, mais c'est peut-être en faisant du sport que l'on va comprendre ce que c'est que le climat et le changement climatique. Il y a une immense page blanche devant nous ».
Mais pour atteindre cet objectif ambitieux, Arnaud Mourot considère qu’il est nécessaire de déconstruire l’imagerie collective autour du sport, très orientée sur la compétition, la performance et les médailles, pour reconstituer l’image du sport autour de ce qu’il peut apporter de positif à la société. « C’est un véritable enjeu culturel, lâche le fondateur de l’association. Mais c’est à nous de le démontrer, chiffres à l’appui ».
Une société active est une société en meilleure forme, et cela pourra aussi éviter de nombreux coûts à la collectivité. On pensera notamment aux questions de la sédentarité ou du surpoids qui deviennent préoccupantes. « Il y a vraiment des enjeux phénoménaux sur lesquels le sport peut apporter des solutions… et nous ne sommes qu’au début de cette aventure ».
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