Vigne de Cocagne : la vigne au service des enjeux sociaux et environnementaux

Vigne de Cocagne est le premier vignoble bio en insertion de France. Un projet singulier que la Fondation Société Générale soutient pour la deuxième année consécutive avec l’objectif d’aider la structure à atteindre rapidement son autonomie financière et permettre l’insertion de davantage de personnes.

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« C’est un métier difficile ». Pauline Chatin, fondatrice et gérante de Vigne de Cocagne n’essaye pas de cacher cette vérité.

« Être vigneron, c’est être agriculteur, tout en étant bon gestionnaire et, en même temps, bon commercial ». Ce à quoi il faut ajouter la difficulté d’accès au foncier et, pour Vigne de Cocagne, le challenge supplémentaire que représente la gestion d’une structure d’insertion.

Si le monde de la viticulture n’est effectivement pas étranger à celui de l’insertion -des dizaines de structures mettant déjà à disposition de ce secteur des personnes en insertion- ce mode opératoire ne satisfait pas entièrement Pauline quand elle prend la décision de devenir une nouvelle vigneronne :

« Dans ces projets-là, on ne faisait travailler les personnes en insertion que sur des tâches manuelles, les tâches les plus ingrates, les plus répétitives, avec aussi le moins de valeur ajoutée. Par conséquent, il s’agissait de personnes qui, à l’issue de leur parcours d’insertion, ne pouvaient prétendre qu’à des emplois peu qualifiés ».

Elle décide donc de monter une structure qui permette de découvrir le métier dans toute sa richesse et sa polyvalence. Le résultat, c’est une exploitation-école où les salariés en insertion peuvent se former par la pratique à toutes les opérations liées à la viticulture et à la vinification , de la pose des plants jusqu’à la commercialisation des bouteilles en passant par chacune des tâches du quotidien qui permettent de créer une bouteille de vin.

« Quand on sort une bouteille, ils y ont participé de A à Z. Et on va jusqu’à marquer le prénom de chacun sur les bouteilles, pour souligner le travail collectif, le fait que chacun a apporté sa pierre à l’édifice. Il s’agit d’un geste symbolique, mais je pense que ce n’est pas neutre. Cela révèle une philosophie »

signature bouteille

Le bio comme une évidence

L’autre choix très révélateur, beaucoup moins anecdotique celui-là, celui de l’agriculture biologique. Une décision qui s’est imposée comme une évidence pour Pauline Chatin.

« On résume souvent le bio à sa dimension environnementale, et c’est juste. Mais le bio, c’est avant tout protéger les personnes qui auraient dû appliquer des produits dangereux. Je trouvais que l’on ne pouvait pas porter la responsabilité de faire découvrir la filière à des personnes, leur donner envie de travailler dedans, si c’était pour les mettre au contact de produits potentiellement dangereux. »

L’autre avantage que Pauline avait presque oublié de préciser, c’est quand on sait travailler en bio, on sait travailler en conventionnel. L’inverse n’étant pas vrai. Les personnes en insertion ne se ferment donc aucune porte.

Un accompagnement global

Depuis 2020, la Fondation Société Générale soutient les actions de Vigne de Cocagne.

Tout d’abord, en lui permettant de finir sa conversion au bio grâce à l’achat d’un outil nommé intercep qui permet de désherber mécaniquement les jeunes vignes sans utiliser le moindre produit. Grâce à celui-ci, Vigne de Cocagne est certifié agriculture biologique depuis Septembre 2020.

Puis, en permettant d’accroître la surface cultivée en vue de rendre possible une future autonomie financière, expansion qui a aussi été l’occasion de recréer des corridors de biodiversité et d’embaucher plus de personnes en insertion.

Enfin, ce soutien a pour vocation de permettre le développement commercial de la structure. Après avoir initialement prévu de se concentrer sur la vente aux restaurateurs (une idée qui arrivait au mauvais moment avec la fermeture des restaurants), Vigne de Cocagne s’est refocalisé sur la vente directe et sur une activité d’œnotourisme. La tenue d’un marché sur le domaine avec d’autres producteurs locaux, l’organisation de soirées dégustation et de concerts permettent en effet de faire vivre et découvrir les lieux.

insertion - vigne de cocagne

Pendant un bref instant, on pourrait se laisser porter par l’énergie de tous ces projets et penser que la période compliquée est derrière eux. Pourtant, le gel d’avril a été un coup de massue qui leur a fait perdre une partie des jeunes vignes, mais aussi des plus vieilles.

Pauline refuse pourtant de se plaindre, arguant que tout le vignoble français a été touché. Chaque année est différente et apporte son lot de « catastrophes ».

C’est un métier difficile, nous avait prévenu Pauline. Et pourtant, elle n’imaginerait pas en changer. Ce projet lui permet de faire sa part face aux grands enjeux sociaux et environnementaux.

J'avais envie que, pour une fois, le vin qui est un produit très noble, assez prestigieux, soit au service de personnes aux parcours difficiles et contribue à leur fierté, à leur redonner une dynamique professionnelle et personnelle.

Pauline Chatin, fondatrice et gérante de Vigne de Cocagne

Pour soutenir Vigne de Cocagne et commander leurs vins, rendez-vous sur leur boutique en ligne (https://boutique.vignedecocagne.fr/collections/all) ou directement au Domaine de Mirabeau (Fabrègues - Hérault)

Copyright : © Cyril Badet