Témoignage de Laurent Bayle, administrateur de la Fondation

Crédit photo : Nicolas Lascourrèges

Laurent Bayle a été Directeur général de la Cité de la Musique - Philharmonie de Paris de 2001 à octobre 2021. 

Société Générale, en tant que mécène, et la Cité de la musique, à laquelle je me suis consacré pendant vingt ans, ont une longue histoire commune, marquée par des évolutions parallèles et une identité de vue qui s’est affirmée avec le temps. Lorsque la Cité de la musique a repris la Salle Pleyel au milieu des années 2000, avec Société Générale pour mécène principal, la notion de salle de prestige, donnant un rayonnement international aux formations qu’elle accueillait, était prépondérante. Quand dix ans plus tard, Société Générale nous a accompagnés - parmi les tous premiers mécènes privés - pour la création de la Philharmonie de Paris puis tout au long de son essor, ce sont surtout les notions d’émergence et de transmission qui nous ont rapprochés. Émergence de nouveaux ensembles sur de nouveaux territoires musicaux, en soutenant en particulier les nouvelles générations d’artistes, comme le fait le mécène Société Générale depuis des décennies. Transmission à de nouveaux publics, favorisée par l’implantation de la Philharmonie dans un quartier populaire de l’est parisien, ce qui n’allait pas du tout de soi quand le projet a été lancé.  

Ce partenariat s’est renforcé encore en s’étendant aux orchestres d’enfants Démos, nés dans le giron de la Cité de la musique et déployés aujourd’hui sur de nombreux territoires en France. La vertu de telles démarches est moins de former des musiciens que d’aider à la formation de citoyens, sachant que la pratique collective de la musique aide les enfants qui n’ont pas grandi dans un cadre porteur à se reconnecter avec leur environnement : l’enfant qui est dans une spirale négative voit que, comme ses copains, il est à même de réaliser des choses concrètes, dans un monde composite où il peut trouver sa place. L’orchestre, quand l’éducateur a réussi à susciter une forme d’exigence et d’élévation, peut « repêcher » un enfant à distance de tout engagement, alors que c’est beaucoup plus difficile dans le cadre scolaire.  

À cet égard, je trouve intéressant d’explorer, comme le fait la Fondation Société Générale, la porosité entre éducation par la musique et éducation par le sport. Toutes deux aident à cultiver les valeurs du collectif tout en respectant l’espace de l’individu. On peut donc imaginer des formes de correspondances - comme Démos l’a fait, par exemple, avec le parrainage d’enfants musiciens par des joueuses de l’équipe de France de handball, au cours de journées de partage organisées en commun avec la Fédération française de handball. Comme quoi les univers de la musique et du sport sont beaucoup plus proches qu’il n’y paraît !  

Je trouve intéressant d’explorer, comme le fait la Fondation Société Générale, la porosité entre éducation par la musique et éducation par le sport. Toutes deux aident à cultiver les valeurs du collectif tout en respectant l’espace de l’individu.

Laurent Bayle