SynLab : transformer des voies de garage en voies d’avenir

Tout est parti d’un constat : s’il existe énormément d’initiatives en France visant à favoriser la réussite scolaire des élèves, ces dernières se déploient généralement à côté de l’école, via un accompagnement périscolaire notamment. Pourtant, si l’objectif est d’avoir un impact sur le plus grand nombre, il faut trouver un moyen d’améliorer les conditions d’apprentissage au sein de la classe pour tous les élèves, et cela ne peut se faire uniquement en périscolaire.

Ainsi, pour justifier son mode d’action, SynLab se base ainsi sur ce que l’on appelle « l’effet enseignant ». « Il s’agit d’un levier majeur, nous explique Elise Renaudin, directrice des partenariats pour l’association. L’effet enseignant correspond au rôle que l’enseignant va avoir dans la réussite d’un élève et cela compte pour 30% dans celle-ci ».

jeune en formation

Les 70% restants vont rassembler de nombreux autres critères parmi lesquels le rôle de la famille ou les efforts fournis par l’élève qui sont parmi les plus importants. Après quelques années d’expérimentation en présentiel, l’association décide de basculer son accompagnement en numérique pour toucher un plus grand nombre d’enseignants partout en France et contribuer à transformer durablement l’éducation de l’intérieur.

C’est ainsi qu’en 2017, la plateforme ÊtreProf.fr voit le jour avec l’objectif d’offrir un centre de ressources et d’entraide aux enseignants. Cet outil touche aujourd’hui 10% des enseignants en France. Parmi les sujets les plus consultés : comment gérer sa classe ? Comment gérer le bruit ? Comment capter l’attention de mes élèves ? Quelques années plus tard, en 2019, l’association lance ManagEduc.fr pour compléter son action en adressant les chefs d’établissements ; la plateforme touche déjà un tiers de son public cible.

Voies d’avenir

Puis, l’association a tourné son regard vers les lycées professionnels avec une ambition forte : redorer l’image d’une filière qui accueille un lycéen sur trois et qui est pourtant souvent vue comme une voie de garage. « Il y a un énorme déterminisme social en France puisque 60% des élèves de cette filière sont issus de milieux sociaux défavorisés, nous rappelle Elise Renaudin. Et même s’il ne faut pas faire de généralités, une majorité des élèves n’ont pas choisi d’aller en lycée professionnel et subissent leur orientation ».

L’association décide donc de travailler sur la question de la motivation de ces élèves pour qu’ils puissent s’approprier ce choix qui n’était pas le leur à la base. Mais la directrice des partenariats de SynLab cite également l’importance de l’acquisition des soft skills pour leur promettre une meilleure insertion.

L’idée, c’est de transformer des voies de garage en voies d’avenir. Pour cela, il nous fallait accompagner les enseignants et injecter de l’innovation dans les apprentissages.

Elise Renaudin, Directrice des partenariats

Le financement de la Fondation d'entreprise Société Générale C’est vous l’avenir permet le développement de ressources pédagogiques complémentaires à destination des lycées professionnels. L’accompagnement se fait ensuite en quatre temps : d’abord un diagnostic des besoins de l’établissement, puis un accès à de nombreuses ressources pour s’inspirer, des ateliers entre pairs et avec des experts et enfin la mise en place de sessions de mentorat individualisées, pour les chefs d’établissements notamment. L’objectif que l’association s’est fixé d’ici à 2023 est ambitieux : il s’agit de contribuer à ce que 25 000 lycéens de filières professionnelles obtiennent leur diplôme via le soutien de 60 établissements.

« Il faut arriver à poser un regard positif sur ces filières, martèle Elise Renaudin. Mais je suis convaincue que l’innovation se fait souvent dans les marges. C’est quand on est vraiment en galère que l’on trouve des solutions créatives et c’est la raison pour laquelle cela nous intéresse de travailler avec les enseignants des lycées professionnels : il y a un énorme potentiel d’innovation. Et nous pensons que c’est comme ça qu’il faut aborder les choses pour changer l’image de cette filière ».

 

Crédit photo : Jeswin Thomas