Soutenir l'égalité femmes-hommes au quotidien : lumière sur 4 associations partenaires

“Le 8 mars, ça devrait être toute l’année” affirme avec conviction Julie Bouquin, Responsable des opérations chez les DesCodeuses. Cette année, le 8 mars se déroule sous le thème de l'innovation et des technologies pour l'égalité des sexes, pour un monde digital inclusif.

D'ici 2050, 75 % des emplois seront liés aux domaines scientifiques et technologiques. Pourtant, aujourd'hui, les femmes n'occupent que 22 % des postes en intelligence artificielle. Depuis 2017, l’association DesCodeuses s’attaque donc à un double défi : donner aux femmes, et notamment aux femmes de quartiers populaires et/ou en reconversion, accès aux métiers du numérique. “On forme des développeuses et des analystes en cybersécurité. Une femme qui sort de notre formation voit son salaire augmenté de 40 %. Chez nous, on privilégie les compétences au diplôme. C’est possible d’avoir des compétences sans avoir de diplôme d’ingénieur et c’est pour cela que nous travaillons beaucoup avec les organismes de recrutement. »

L’objectif est aussi de lutter contre la discrimination à l’embauche pour favoriser un recrutement plus inclusif et attirer d’autres profils. « Le CV d'une développeuse ne doit pas être écartée par un algorithme parce qu’il y a écrit le mot développeuse au lieu de développeur “ souligne Julie Bouquin.

Seulement 30 % de femmes dans la tech

Chez Becomtech, le goût du numérique se développe dès la troisième en proposant adolescentes de s’initier aux métiers du numérique. “On propose une formation « JUMP IN TECH » pendant l’été de quatre semaines, soit une centaine d’heures pour des jeunes filles de 14 à 17 ans, et notamment celles issues de QPV et d’établissements de réseau d’éducation prioritaire ». Elles vont pourvoir développer des compétences numériques concrètes et tester leur appétence pour ce domaine. « Cette initiation intensive au numérique arrive avant leur choix d’orientation. Avec la réforme du baccalauréat aujourd'hui dans la spécialité numérique et sciences de l'informatique, pour une classe de 30 élèves, on retrouve seulement quatre à six filles” explique Lisa Fouilleul, responsable des partenariats Becomtech.

A la suite de JUMP IN TECH en 2022, 75% des participantes souhaitent s’orienter vers un secteur numérique ou en lien avec le numérique". “Elles auront aussi participé à la constitution d'un collectif solidaire où les filles vivent une expérience commune et rejoignent ensuitela communauté des Ambassadrices de l'association pour rester connectées les unes aux autres s’entraider et se soutenir” souligne Lisa Fouilleul. Avant de suivre une formation dans la tech où le manque de femmes est patent, il faut donc ouvrir les horizons des jeunes femmes en leur proposant des espaces d’expression et d’expérimentation sécurisés et des rôles modèles auxquelles elles peuvent s’identifier. Pour créer cette dynamique positive, certaines associations, comme BECOMTECH, ont fait le choix de la non-mixité.

Entre femmes

“La non-mixité n’est pas une fin en soi, c'est un moyen. Dans ces espaces non-mixtes, les jeunes femmes arrivent vraiment davantage à se révéler, à réfléchir à leur force et à ne pas se sentir limitées ou jugées. Dans cet espace protégé, en dehors des stéréotypes, des préjugés, des faire-valoir, on peut faire tomber toutes ses barrières” indique Blandine Clérin, directrice de la communication et du rayonnement Rêv'Elles. Rêv'Elles est une association qui permet aux jeunes filles de quartiers populaires de révéler leur potentiel pour qu’elles puissent s’épanouir personnellement et professionnellement. Intégrer les programmes Rêv'Elles, c’est également permettre à ces jeunes filles d’échanger avec des rôles modèles, d’expérimenter la sororité et de développer leur pouvoir d’agir ou « empowerment ».Descodeuses partage le constat de Rêv’elles. “Nous parlons de communauté d’apprentissage plutôt que d’organisme de formation. Car chez DesCodeuses, la sororité fait partie des conditions de réussite au même titre que les compétences techniques. La solidarité entre les apprenantes est garante du succès de notre formation et de l’insertion professionnelle : aujourd’hui 90% des apprenantes sont en poste. Preuve que seule on va plus vite, ensemble on va plus loin” conclut Julie Bouquin.

L’Empowerment avec Empow’Her

L’association Empow’Her agit aussi bien en France qu’à l’international avec l’ambition de développer un entrepreneuriat plus inclusif, source d’empowerment pour les femmes et catalyseur de transformation. “Nous travaillons à l’international et nous pouvons constater des difficultés communes entre une femme entrepreneure en France, au Burkina ou encore en Côte d’Ivoire, que ce soit pour accéder à des financements, à un réseau ou tout simplement bénéficier d’un accompagnement prenant en compte les réalités et les contraintes des femmes.” explique Margaux Teuliere, responsable Programmes Afrique de l’Ouest Empow’Her.

Une des spécificités d’Empow’Her, en plus de créer de vraies communautés apprenantes et de s’appuyer sur des rôles modèles ayant bénéficié de son accompagnement, c’est aussi de travailler sur la notion d’échecs et de rebond. “On a des témoignages de femmes incroyables. Une femme dans notre programme a entrepris sept fois avant que son entreprise ne marche. Des témoignages comme ça, c'est ce qui parle le plus. »

Quel que soit le pays dans lequel on est né et dans lequel on souhaite entreprendre, les réalités sont différentes, mais les problématiques qui sont remontées par les femmes sont souvent très proches.

Margaux Teuliere, responsable Programmes Afrique de l’Ouest Empow’Her

Faire de l’échec une force

Que ce soit dans un cadre personnel ou professionnel, les femmes font souvent face à un certain nombre de freins, parfois même via de l’auto-censure. « L’échec est présent tout le temps. Il faut arriver à vivre avec et s'en nourrir pour pouvoir rebondir au mieux” souligne Margaux Teuliere. Les actions mises en place par ces différentes associations, donnent aux femmes des outils pour s'affirmer et développer leurs compétences, tout en réduisant les stéréotypes et les préjugés. Mais est-ce suffisant ?

Chez Rêv’Elles, on voit plus loin comme le souligne Blandine Clérin:" Rêv’Elles existe depuis 10 ans. Depuis 5 ans, on mesure vraiment notre impact. On a développé beaucoup de programmes, une approche pédagogique intéressante qui fait ses preuves. Est-ce que notre deuxième challenge pour les 10 ans à avenir ce ne serait pas chercher les pouvoirs publics, le grand public pour les sensibiliser à la parole de ces jeunes femmes et que les frontières invisibles s'ouvrent à elles. »

 

 

Crédits Photos : Rêv'Elles, Becomtech