Rêv’Elles : toujours autant mobilisée pour l’égalité des rêves

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« J’ai rencontré plein de femmes inspirantes… vraiment, cela m’a donné espoir ».

C’est par ces quelques mots remplis d’excitation, qu’Ikhlas résume son sentiment en sortant de la quatrième journée du parcours Rêv’Elles ton Potentiel.

Ikhlas, c’est une jeune fille de 17 ans au parcours tellement commun. C’est l’année du bac et elle ne sait pas encore ce qu’elle veut faire ensuite. Elle a des pistes -bien sûr- mais rien d’arrêté et la situation génère un stress diffus sur sa vie.

Sa grande soeur et une cousine lui conseillent de participer au parcours Rêv’Elles ton Potentiel. Elles ont participé à une promotion précédente et en gardent d’excellents souvenirs.

Ikhlas décide donc de « sacrifier » une semaine de ses vacances de Février pour suivre ce programme intensif. Il s’agit pourtant d’un sacrifice qui n’en est pas vraiment un : comme un grand nombre de jeunes filles, Ikhlas en ressortira grandie, avec une confiance en elle nouvellement acquise.

Est-ce qu’elle conseillerait l’expérience à quelqu’un d’autre de son entourage ?

« Bien sûr, lâche Ikhlas un grand sourire aux lèvres. C’est même pas une question à poser ».

 

Une association de femmes inspirantes

Rêv’Elles a maintenant bientôt 7 ans. L’association s’est d’abord construite autour de ce programme « Rêv’Elles ton Potentiel » mais d’autres actions et parcours sont venus s’ajouter depuis pour accompagner au mieux le parcours de ses bénéficiaires.

Ce sont uniquement des jeunes filles, elles ont entre 14 et 20 ans et elles viennent le plus souvent de quartiers populaires.

Pour la fondatrice de l’association, Athina Marmorat "l’égalité des chances passe aussi par l’égalité des rêves" : il faut ouvrir les horizons à des jeunes filles qui s’auto-censurent souvent dans leurs ambitions professionnelles, persuadées qu’elles ne peuvent pas y arriver.

Le résultat, c’est un parcours de 5 jours, du lundi au vendredi, qui va alterner coaching collectif et individuel, pour les aider à prendre confiance en elles, à déployer leurs potentiels et à clarifier leur projet professionnel. Ces 5 jours sont ensuite suivis de 5 mois d’un accompagnement régulier.

Des promotions sont lancées à chaque vacances de la Toussaint, de Février et de Pâques auprès de plus d’une centaine de jeunes filles dans la région parisienne et lyonnaise.

 

Promo Rêv'Elles, Ile de France, Malala Yousafzai, février 2021

Cinq journées intensives

Laura Maclet, responsable du Pôle Pédagogique de l’association, nous décrit le programme par le menu.

La première journée est particulièrement introspective : avant de s’intéresser au projet scolaire ou professionnel, elles se recentrent sur elles-mêmes : sur qui elles sont, sur leurs valeurs.

La deuxième journée leur permet de s’ouvrir à l’environnement de travail. Avant de parler de métiers, elle amène les jeunes filles à se projeter dans le monde du travail et à se questionner sur leurs envies : recherchent-elles du collectif, de l’individuel, de la créativité, des horaires fixes, …

La troisième journée est une journée de coaching individuel. « Il s’agit d’un moment à elles, nous explique Laura. Ça leur appartient. Elles vont pouvoir approfondir avec un coach tout ce qui s’est joué, construit ou tout ce qui a bougé pendant ces deux derniers jours ».

La quatrième journée se fait auprès d’une entreprise partenaire. Elles passent de 08:30 le matin à 17:00 le soir immergées dans la culture de l’entreprise et dans ses métiers au travers de simulations d’entretiens, d’enquêtes et de beaucoup de dialogue avec des collaboratrices.

La cinquième journée a été pensée comme une journée très festive, un moment pour célébrer le parcours des jeunes filles et les faire pitcher leur projet auprès d’un jury de rôles Modèles.

Au terme de ces cinq journées intensives, elles sont encore suivies pendant les cinq mois suivants au travers d’autres formats.

 

Une rencontre enrichissante des deux côtés

Ikhlas, nous l’avons rencontrée quelques minutes après la fin de la quatrième journée qu’elle avait passé avec des collaboratrices de la Société Générale, partenaire de longue date de l’association.

« Si elles y arrivent, pourquoi je n’y arriverais pas moi, me confie-t-elle. Elles sont allées tellement loin, avec si peu de bagages, je me dis woaw : moi aussi je peux le faire ».

De l’autre côté, Bouchra est une collaboratrice de la Société Générale, elle n’a pas rencontré Ikhlas mais a pu échanger avec deux autres jeunes filles de sa promotion Rêv’Elles. Bouchra n’avait jamais imaginé pouvoir avoir le rôle de modèle ou d’exemple, de personnes inspirantes pour d’autres.

Une situation qui allait d’ailleurs faire naître un peu d’appréhension chez elle et explique pourquoi elle allait prendre l’exercice très au sérieux : « je l’ai vu comme une grosse responsabilité. Je suis maman de trois enfants et je sais que nos mots peuvent avoir un impact. J’ai donc voulu essayer de me remettre dans la tête de la jeune fille que j’étais à leur âge, retrouver les interrogations que j’avais dans la tête à ce moment-là, et surtout ce que j’aurais voulu entendre de la part d’un adulte bienveillant. Je pense que l’expérience a été aussi enrichissante pour nous que pour les jeunes filles ».

Ce sont ainsi 15 collaboratrices de la Société Générale qui ont consacré de deux heures à une demi-journée de leur temps pour accompagner cette promotion.

Le matin, des collaboratrices ont assisté les jeunes filles lors de simulations d’entretien. Tandis que l’après-midi, elles représentaient une vaste palette des métiers de la banque pour permettre aux jeunes filles de mieux se rendre compte de la grande diversité des parcours professionnels et des parcours de vie.

Un format revu et corrigé

En février 2020, un groupe de jeunes filles était venu passer la journée dans les tours Société Générale de la Défense. Aujourd’hui, c’est sur Zoom que l’ensemble des rencontres se font. Un vrai tour de force pour l’association qui a du repenser ses formats pour les adapter au tout numérique.

La formule ne change pourtant pas, et ce sont ainsi quarante heures d’intervention qui mobilisent l’équipe Rêv’Elles, des dizaines de coachs, des intervenantes, des rôles-model, et une poignée d’entreprises partenaires.

En effet, Rêv’Elles fait partie de ces associations qui n’ont pas modéré leur mobilisation pendant cette crise sanitaire.

On s’adresse aux jeunes filles des quartiers populaires, des adolescentes, il s’agit d’un public qui est déjà invisibilisé à la base. Et pendant cette crise sanitaire, toutes les faiblesses se sont accentuées : ces jeunes filles ont encore moins d’espaces de parole, elles ne pouvaient plus sortir pour aller voir leurs amies ou leurs voisines aussi facilement.

Laura Maclet, responsable du Pôle Pédagogique de Rêv’Elles

Rêv’Elles a donc été fortement sollicitée par les jeunes filles qui avaient un besoin très fort de temps à elles, d’espaces de parole. L’association a ainsi fait ce choix de la non-mixité de son public cible pour justement créer ces « safe space », ces espaces sécurisés où elles peuvent être entre elles, où elles peuvent prendre confiance avant de retourner dans le monde réel. « L’objectif étant de les préparer pour qu’elles puissent y rentrer sereines, décomplexées, complètement elles-mêmes et agissantes », nous livre Laura.

Et quelle meilleure conclusion que de revenir vers Ikhlas, cette jeune femme de 17 ans que la journée laisse avec un enthousiasme et un sourire communicatif :

« Je sais ce que je veux faire maintenant. Et avec ce que les femmes d’aujourd’hui sont venues nous apporter, cela m’a donné de la détermination ».

Logo pastille orange de l'association