Les Cités d’Or proposent aux jeunes de faire l’École Buissonnière pour trouver leur voie
Depuis une quinzaine d’années, l’association Les Cités d’Or s’attache à éveiller les consciences citoyennes et donner aux jeunes des perspectives d’avenir. En mai 2023, la Fondation d’entreprise Société Générale C’est vous l’avenir a décidé d’aider l’association à développer l’un de ses projets phares : les Écoles Buissonnières, des parcours de six mois en service civique qui donnent aux jeunes les clés pour devenir pleinement acteurs de leur vie et de la société.
Née en 2007, Les Cités d’Or est une association d’éducation populaire visant à identifier et diffuser, notamment auprès des personnes en situation de décrochage scolaire et social, des savoirs, savoir-faire et savoir-être mobilisables dans la vie personnelle et professionnelle. Pour ce faire, l’association s’attache à constituer, à l’échelle d’un territoire, un écosystème d’acteurs unis au service des jeunes afin de faciliter leur entrée dans la vie adulte.
Les Cités d’Or en chiffres en 2022
- 56 jeunes accompagnés par an
- 70% de sorties positives
- 47% de jeunes issus de QPV
- 50% de garçons et 50 % de filles
Acquérir cinq compétences fondamentales
Au cœur du projet de l’association : les Écoles Buissonnières, des parcours de 6 mois en service civique, proposés à des jeunes de 16 à 25 ans afin de développer leur autonomie, leur employabilité et leur engagement citoyen. Ce programme a pour socle une pédagogie imaginée par les fondateurs de l’association, Karim et Sandy Mahmoud-Vintam, structurée autour de cinq compétences fondamentales :
- Convaincre sans manipuler
- Trouver l'info, échapper à l'intox
- Se connaître et s'accepter
- Tisser du lien humain, développer son réseau
- Comprendre le fonctionnement de son environnement
« Ces cinq compétences, c’est le cœur du réacteur » explique Laurence Plattier, responsable pédagogique des Cités d’Or. « Cette pédagogie nous permet d’aider les jeunes à découvrir qui ils sont, quelles sont leurs ressources et leurs compétences, le tout dans une démarche collective et d’ouverture aux autres ». Les Écoles Buissonnières permettent aux jeunes de choisir une orientation positive (formation, reprise d’étude, emploi) et d’appréhender plus sereinement leur avenir socio-professionnel.
Comment ? En accueillant des groupes d’une douzaine de jeunes dans plusieurs QPV* de Lyon, Villeurbanne et Vaulx-en-Velin. Marion Dupaigne-Scotton, Directrice Générale des Cités d’Or précise : « La moitié des jeunes accueillis sont issus de QPV. Pour autant, tous les jeunes qui rejoignent les Écoles Buissonnières ont une part de fragilité et ont besoin de cette expérience, que ce soit pour sortir de l’isolement, s’ouvrir à l’altérité ou prendre confiance en eux… ». Laurence Plattier ajoute : « Qu’ils aient décroché de l’école en 4e ou qu’ils arrivent avec un Master, les jeunes se posent finalement les mêmes questions : qu’est-ce que je vais faire de ma vie, quelle est ma place dans ce monde ? ».
Se révéler à soi, s’ouvrir aux autres
Pour les aider à y voir plus clair, les Écoles Buissonnières proposent aux jeunes volontaires, au cours d’un parcours de 6 mois à raison de 24h par semaine, d’aller vers les autres, rencontrer des habitants pour valoriser des projets pépites du quartier (expositions, reportages…), interviewer des personnalités inspirantes dans le cadre d’auditions publiques (Christiane Taubira, l’alpiniste Laurence de La Ferrière, le chorégraphe Mourad Merzouki…). Ensemble, ils creusent des sujets qui leur tiennent à cœur (« Une société sans SDF est-elle possible ? », « Les violences policières »… ) et présentent les résultats de leur travaux aux différents groupes. Laurence Plattier confie : « Nous créons un climat de confiance pour aider les jeunes à prendre des risques, à sortir de leur zone de confort ». Tout au long de leur parcours, ils s’ouvrent à la société et se mettent au service de quartiers et de leurs habitants.
Autre brique importante du programme : chaque volontaire choisit une structure d’intérêt général du territoire pour y accomplir une mission de bénévolat. Il arrive d’ailleurs que des jeunes décident de prolonger leur engagement bénévole au-delà du parcours de 6 mois. En parallèle, l’association assure un suivi individuel pour accompagner chaque personne dans son projet de vie. Enfin, le programme est ponctué de temps d’ouverture pour élargir l’horizon des jeunes : expositions, spectacle vivant, rencontres professionnelles...
L’une des clés du succès des Écoles Buissonnières ? La mixité. Chaque session permet de faire se rencontrer des personnes qui ne se seraient probablement jamais rencontrées ailleurs. « L’hétérogénéité des groupes fait laboratoire, au sein duquel il y a énormément de choses à expérimenter. Les jeunes s’ouvrent à d’autres difficultés que les leurs. Ils se révèlent en tant que personnes et en tant que membres d’un collectif. Ils apprennent aussi à accepter l’aide dont ils ont besoin » explique Laurence Plattier. « Ici, on a tombé le masque. Dès le premier jour, on a compris qu’on n’était pas sur Instagram » dit un jeune. Toutes les graines semées au fil du parcours permettent aux jeunes de capitaliser des forces : de la confiance en soi, un CV enrichi par des missions valorisantes, un réseau mobilisable et des opportunités pour la suite, en matière de formation ou d’accès à l’emploi. « J’ai surmonté mes peurs, gagné en confiance en moi et levé des freins qui m’empêchaient d’agir » résume une volontaire.
Un modèle partenarial et transférable
Depuis l’origine de l’association, l’idée est de s’associer aux différents acteurs du territoire (associations, écoles, missions locales, centres sociaux, services municipaux…) pour aider les jeunes à trouver leur voie et devenir des citoyens à part entière. Laurence Plattier détaille : « Les autres acteurs du territoire sont des alliés. Nous assurons une continuité dans l’accompagnement des jeunes. Les conseillers des missions locales, par exemple, ont souvent identifié des problématiques pour tel ou tel jeune, des verrous à lever. A notre tour, au terme des 6 mois d’École Buissonnière, nous avons des clés à transmettre aux partenaires. Ainsi, nous assurons ensemble une continuité dans l’accompagnement » .
2023 est une année charnière pour Les Cités d’Or. « Notre modèle a déjà fait ses preuves dans le Val-de-Marne où est née l’association, à Lyon, Vaulx-en-Velin et Villeurbanne où nous agissons aujourd’hui. Notre modèle est éprouvé, reconnu et transférable en milieu rural avec lequel nous partageons des problématiques communes. Outre un projet en cours à Paray-le-Monial en Bourgogne-Franche-Comté, que nous souhaitons lancer en 2024, nous sommes d’ores et déjà prêts à nous lancer en Guadeloupe » dit Marion Dupaigne-Scotton.
Chaque année, Les Cités d’Or accompagnent une cinquantaine de jeunes. L’enjeu est aujourd’hui d’étendre la démarche afin de rassembler des jeunes de périphéries, de petites et grandes villes, de la campagne et les faire travailler ensemble pour déghettoïser la société.
*QPV : Quartiers prioritaires de la politique de la Ville où s’applique la politique de la ville, qui vise à compenser les écarts de niveau de vie entre ces quartiers et le reste du territoire. Ces quartiers sont ceux où les revenus sont les plus faibles.