L’Ecole des Cuistots Migrateurs : vers un « lieu repère » pour l’inclusion des réfugiés
2015 était une année particulière. Un million de réfugiés avaient traversé la Méditerranée cette année-là avec l’espoir d’un avenir meilleur pour leurs familles. C’était le cas d’Alan, garçon syrien âgé de 3 ans, qui avait trouvé la mort sur une plage turc et dont la photographie avait causé une onde de choc médiatique.
L’empathie de certains rencontrait la peur de nombreux autres. 2015, c’était aussi l’année de plusieurs attentats terroristes liés à l’immigration dont le Bataclan était le symbole. C’était dans ce contexte-là que les Cuistots Migrateurs avaient vu le jour dans l’esprit de Sébastien Prunier et de Louis Jacquot.
« C’était une envie d’aider, commente Sébastien. Presque un acte citoyen ».
Ils se questionnent sur la meilleure manière de permettre l’intégration à long terme des réfugiés. Leur réponse : un traiteur solidaire qui embauche des réfugiés en CDI, avec l’objectif de contribuer à changer le regard sur cette population. Mais aujourd’hui, toujours motivée par le besoin d’avoir un plus grand impact sur cette problématique, la même équipe lance un nouveau projet ambitieux : l’Ecole des Cuistots Migrateurs.
La future école des cuistots
La motivation derrière cette école, c’est le passage à l’échelle : l’envie d’aller beaucoup plus loin, d’accompagner beaucoup plus de monde, et mieux.
En effet, le traiteur solidaire embauche aujourd’hui 11 personnes réfugiées en CDI, l’école aura déjà accompagné 40 élèves d’ici la fin de l’année avec l’objectif de passer à 300 par an lors du déménagement de l’école dans leurs propres locaux. Parce qu’aujourd’hui, l’Ecole des Cuistots Migrateurs est encore dans une période d’expérimentation qui est soutenue par la Fondation Société Générale.
Actuellement hébergée par l’Institut Culinaire de Paris à deux pas du Père Lachaise, l’école devrait rapidement pouvoir ouvrir ses portes dans ses propres locaux à Montreuil.
Mais en attendant, on éprouve le programme sur quatre promotions tests de dix élèves à chaque fois. Au programme, 400 heures de cours de cuisine, 180 heures de formation à la langue française, 20 heures d’accompagnement au projet professionnel et 3 semaines de stage. Et le succès est au rendez-vous puisque chaque promotion attire plus d’une centaine de candidatures.
Pour la plupart, les gens qui viennent se former chez nous, ils ne se formeraient pas autrement. Ils iraient directement travailler en tant que plongeur ou petite main dans des restaurants.
Sébastien Prunier, co-fondateur des Cuistots Migrateurs
La mission de cette école, c’est donc d’améliorer l’employabilité de ses élèves et de lever tous les obstacles à leur future intégration. Sébastien le présente comme « un lieu repère » : qui rassemble un accompagnement complet, avec aussi bien la formation professionnelle, les cours de langue et l’aide sociale « sans devoir courir à l’autre bout de Paris pour apprendre le français ».
Les premiers résultats de cette expérimentation sont très encourageants : 70% des élèves de la première promotion ont trouvé un emploi stable, alors même que nous sommes dans un contexte sanitaire où les restaurants réouvrent à peine. Cette école se lance alors que 100.000 emplois ne sont pas pourvus dans la restauration.
« La réalité, c’est qu’il y a un manque d’acteurs de la formation, nous explique Sébastien. Et on se différencie à la fois sur le modèle et sur la gratuité, qui est importante pour venir en aide à ces gens qui ont souvent risqué leur vie pour vivre en France ».
Une gratuité qui ne serait pas possible sans le système des opérateurs de compétences (organisme agréé par l'État chargé d’accompagner la formation professionnelle) et le soutien de fondations.
Pour en savoir plus sur l’association et soutenir son projet, rendez-vous sur : https://www.lescuistotsmigrateurs.com/projet-ecole/