Rien ne les promettait à l’enseignement, et pourtant : ils ont fait le choix de l’école. Le choix de s’engager pour l’égalité des chances en devenant enseignants dans des collèges et lycées professionnels de quartiers prioritaires.
C’est le cas de Justine, rencontrée pendant l’Université d’été organisée par l’association, qui a fait deux années d’alternance dans le conseil et six mois dans une startup avant de conclure qu’il lui fallait tenter une nouvelle voie : l’enseignement lui était resté dans un coin de la tête et elle a décidé de sauter le pas.
Ce que je trouve chouette, c’est que cela nous donne l’opportunité de faire nos premiers pas dans l’enseignement en étant accompagné avant de prendre la décision de nous lancer sur le long terme.
Justine, future professeur de mathématiques
« Je ne me serais pas senti le courage d’y aller seule, d’envoyer un dossier et de devenir contractuelle comme cela sans préparation. Mes études ne me préparaient pas à l’enseignement, je n’ai pas eu de formation pédagogique, j’avais besoin d’être accompagnée pour être capable de décrypter un programme. Et je ne me serais pas non plus sentie de préparer le CAPES tout de suite pour devenir prof de maths ». Justine s’est donc engagée pour une première période de deux ans en tant qu’enseignante contractuelle en collège. C’est le cas de 60% des enseignants suivis par le Choix de l’école qui passent ces concours et poursuivent leur carrière dans l’enseignement au-delà des deux premières années.
Pour cette rentrée de septembre 2021, ce sont ainsi 55 nouveaux enseignants qui ont fait ce choix et qui seront affectés en tant qu’enseignants contractuels dans les académies partenaires de l’association, à savoir Créteil, Versailles, Paris et Aix-Marseille. Ils enseigneront des matières dans lesquelles il y a un déficit de personnels titulaires.
DES VACANCES STUDIEUSES
Peu de vacances cet été pour ces futurs enseignants qui ont consacré leur mois de juillet à suivre le programme de l’Université d’été du Choix de l’école. L’objectif est simple : aider ces futurs professeurs à comprendre l’environnement dans lequel ils vont évoluer, apprendre à mieux connaître les besoins des élèves et approfondir leurs compétences dans la matière enseignée tout en développant leurs connaissances en pédagogie.
Pendant leurs journées, les rencontres se suivent et ne se ressemblent pas avec aussi bien des enseignants, un recteur d’académie, un prix Nobel de la paix (en l’occurrence Muhammad Yunus), une pédo-psychiatre, etc. Deuxième phase de cette Université d’été, c’est la pré-rentrée organisée du 25 au 30 août au Collège Gisèle Halimi d’Aubervilliers. C’est là que nous les avons rencontrés après un été passé à se préparer. Il reste moins d’une semaine avant la rentrée et nombreux sont ceux qui ne connaissent pas encore leur affectation.
« Je suis d’autant plus convaincue de la nécessité de se faire accompagner par le Choix de l’école dans ce genre de circonstances où l’on est un peu à l’aveugle », nous confirme Justine, bientôt professeur de mathématiques. Alors, sont-ils mieux armés pour cette première rentrée ? Quand on lui pose la question, un autre futur enseignant prénommé Gaston reconnaît que ce serait présomptueux de le dire après seulement quelques semaines. « Mais je me sens accompagné, ajoute-t-il immédiatement. Je sais maintenant vers qui me tourner si j’ai des problèmes ».
Parce c’est aussi la force du Choix de l’école, l’esprit collectif qui se forme dans la promotion et la camaraderie qui va se poursuivre lorsqu’ils auront chacun reçu leur affectation. L’accompagnement de l’association va durer deux années avec des ateliers tous les mercredis après-midi pour permettre aux enseignants de bénéficier d’un suivi dans leur matière et de formations sur des sujets transversaux comme l’orientation, le décrochage scolaire, le climat de classe ou encore la coopération.
"QU’EST-CE QU’UN BON PROF ?” L’AVIS DES ÉLÈVES
Le jour de notre visite, un temps d’échange est prévu entre un groupe d’élèves aujourd’hui au lycée et les 55 futurs professeurs. Pour certains, il s’agit de la première rencontre avec des élèves et de longues conversations en ateliers vont leur permettre de mieux comprendre à quoi s’attendre. Les futurs enseignants en profitent pour poser toutes leurs questions et essayer de dessiner le portrait-robot du bon professeur. Comment est perçue telle méthode pédagogique ? Comment réagir face à telle circonstance ? Les questions se succèdent et les élèves y répondent en toute transparence. « Je trouve ça génial d’avoir fait venir des élèves, commente Marc-Antoine. Cela permet de démystifier la relation entre les professeurs et les élèves. On sera plus en confiance à la rentrée ». De leur côté, les élèves repartent également avec une révélation : « je ne me doutais pas que les professeurs se posaient autant de questions » lance l’un d’eux le sourire aux lèvres. Et pas de doute que ces nouveaux enseignants auront encore de nombreuses questions pendant les prochains mois, mais ils savent maintenant à qui les poser.