Empow’Her : des communautés de femmes entrepreneures pour changer le monde
Pour Aminata*, rejoindre le programme d’Empow’Her au Burkina Faso était le choix de la dernière chance. Après une longue traversée du désert à chercher un emploi, elle ne savait plus quoi faire, elle avait totalement perdu confiance en elle. « Je me sentais complétement inutile », explique-t-elle. Alors qu’elle désespère, Aminata entend parler par hasard d’un programme nommé Women Communities que propose l’association Empow’Her. Elle contacte la personne référente à Ouagadougou.
Elle commence donc à suivre les formations collectives qui l’aident à formaliser son projet et à se former aux notions clés de l’entrepreneuriat. Elle participe aux sessions d’accompagnement individuel où des expertes et coachs la conseillent avec bienveillance. Et enfin, elle plonge dans les Bootcamps, journées en immersion où les femmes se retrouvent pour travailler sur leurs projets de manière intense. Pour la première fois, Aminata entrevoit le fait que cette voie n’est pas impossible. Elle reprend confiance quant à sa capacité à faire quelque chose de sa vie.
Complétement reboostée, elle imagine la création d’un centre qui va lui permettre d’accompagner d’autres jeunes femmes qui, comme elle, ont besoin de prendre confiance en elles et se former à un métier. Sa promesse : les aider à trouver une autonomie économique et sociale qu’elle a longtemps recherchée pour elle-même.
Empow’Her et Women Communities
« Empow’Her accompagne les femmes entrepreneures pour qu’elles changent le monde », annonce l’association sur son site web. Créé en 2013, ce réseau international d’organisations se mobilise pour un entrepreneuriat plus inclusif, source de développement pour les femmes et catalyseur de transformation. De son côté, le programme Women Communities suivi par Aminata, a émergé en 2018. Immédiatement soutenu par la Fondation d’entreprise Société Générale, « ce projet est né de l’envie d’apporter un accompagnement de qualité, et surtout adapté à leurs besoins, à des femmes en milieu urbain, périurbain, voire rural », nous explique Margaux Teuliere, responsable programmes Afrique pour Empow’Her. D’abord lancé dans trois villes de Côte d’Ivoire, puis six, le programme s’est étendu à cinq villes du Burkina Faso depuis l’année dernière.
Il s’agit d’un programme qui a beaucoup évolué depuis son lancement puisque l’on va à la rencontre des femmes pour comprendre leurs besoins et leurs attentes. On adapte donc à chaque fois notre contenu et notre pédagogie.
Margaux Teuliere, responsable programmes Afrique pour Empow’Her
L’impact des communautés
Empow’Her cultive une saine obsession pour l’impact de son action. Pour le mesurer, l’association a développé toute une méthodologie qui va lui permettre de le calculer sur le court et le moyen terme, aussi bien sur la posture et le leadership des bénéficiaires, que sur le développement de leurs activités ou encore l’impact sur la communauté. Mais dans les impacts difficiles à quantifier, il y a une dimension de sororité qui se crée avec une importante solidarité qui se noue entre les jeunes femmes.
« On a découvert qu’elles se soutenaient pour des activités qui n’avaient rien à voir avec l’entrepreneuriat, nous raconte Koudoussou Adéchina Laourou, chef de projets pour Empow’Her au Burkina Faso. La semaine dernière, on a vu des femmes s’organiser parce que l’une d’elle se mariait. A Bobo Dioulasso, des femmes se mettent à plusieurs pour prendre un local et installer leurs entreprises en partageant ensemble les charges. Il s’est créé un véritable réseau où elles se soutiennent entre elles, elles se partagent des opportunités. Aujourd’hui, ce sont des communautés qui existent tant physiquement que virtuellement pour les villes qui ont accès à Internet ».
*Le nom a été modifié par souci d’anonymat.
Crédits photos : Empow'Her