Découvrez le projet "La Maison de l'Éducation" au Sénégal

Engagée dans le soutien de programmes d’éducation, la Fondation Société Générale a soutenu, en 2020, 28 projets dont 8 sur le continent africain. A l’occasion de la Journée Internationale de l’éducation, nous vous proposons de découvrir le projet de notre partenaire Futur au Présent à travers l’interview de Marine Fourié, directrice exécutive de l’association au Sénégal.

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La Fondation Société Générale soutient le projet de Maison de l’Éducation depuis février 2020, pouvez-vous nous présenter plus précisément ce projet ?

 

La Maison de l'Éducation (MDE), projet de l'association Futur Au Présent, est un projet pluriannuel visant à lutter contre le travail précoce et la déscolarisation des jeunes filles vivant dans le quartier populaire Kandé de Ziguinchor en Casamance (Sénégal). Issues de familles vulnérables, ces jeunes filles sortent généralement très tôt du système scolaire afin de travailler et contribuer aux revenus de leurs familles.

Pour rompre avec cette logique de reproduction des mécanismes de pauvreté et proposer un avenir plus prometteur à ces jeunes filles, la Maison de l’Éducation assure, en liaison et en accord avec les familles : la rescolarisation à l’école publique avec prise en charge de l’ensemble des frais, un soutien à la scolarité, un accompagnement psychosocial individuel et familial, ainsi que la participation à un certain nombre d’activités socioculturelles et sportives à même de contribuer à leur développement personnel et autonomisation (théâtre, cinéma, danse, yoga, informatique…). Un suivi sanitaire a également été mis en place.

Dispositif complémentaire de l’école publique, l’équipe d’enseignants et travailleurs sociaux de la MDE accueille ainsi, quotidiennement sur les temps extrascolaires, 120 jeune filles âgées de 6 à 14 ans.

Défendant une approche globale de lutte contre la pauvreté et de protection de l’enfance, le projet MDE propose également un appui aux familles des jeunes filles accompagnées en termes de création d’activités génératrices de revenus et/ou d’amélioration, quand cela s’avère nécessaire, des conditions d’habitat (petites rénovations, accès à l’électricité…). Par cette approche, nous espérons contribuer à l’amélioration de la situation socioéconomique des familles et à l’inscription durable des jeunes filles dans leurs parcours éducatifs.

Enfants dans la cour de l'école et au tableau

En 2020, face à la pandémie, quels sont les défis auxquels vous avez dû faire face et comment avez-vous adapté vos actions afin de mener à bien votre programme de la meilleure façon possible ?

 

La crise sanitaire du Covid 19 a impacté le projet, puisque la MDE a dû fermer ses portes en mars 2020, en même temps que les écoles publiques. Cependant, l’engagement de l’équipe n’a pas faibli. Elle a su déployer des dispositifs pour assurer une continuité pédagogique et prévenir le risque de décrochage scolaire des jeunes filles de la MDE, dont les vulnérabilités familiales pouvaient accentuer ce risque.

Les dispositifs ont principalement consisté en un enseignement à distance via la diffusion de leçons sur une chaîne de télévision locale, un encadrement à domicile, et la diffusion de kits de loisir. La MDE a pu rouvrir début septembre, en adaptant les emplois du temps, l’accueil et les activités se réalisant en demi-groupe les matins et après-midis. Nous avons fonctionné à nouveau normalement à partir du mois de novembre, au moment de la réouverture des écoles pour l’année scolaire 2020-2021.

Cette période nous a permis d’expérimenter de nouvelles démarches pédagogiques et d’en tirer des enseignements. Les équipes pédagogiques ont par exemple fait le constat que l’enseignement par le canal de la télévision, pressenti comme particulièrement adapté à la situation, démontrait certaines limites et nécessitait la mise en place d’autres modalités d’accompagnement pédagogique.

L’encadrement à domicile, dans le respect des gestes barrières, par les enseignants de la MDE s’est avéré beaucoup plus pertinent. Une à deux fois par semaine, ils se sont rendus chez les élèves pour corriger les exercices, expliquer les points non assimilés et remettre une nouvelle série de polycopiés. Cette proposition est finalement apparue plus appropriée en termes de qualité des apprentissages, de continuité pédagogique et de maintien du lien avec les jeunes filles et les familles.

Nous nous sommes rendus compte, contre-intuitivement, que les enfants, face à un écran de télévision, étaient moins concentrés. La présence des enseignants à domicile a été beaucoup plus bénéfique en termes d’apprentissage que la diffusion de leçons par écran interposé.

Babacar Gueye, responsable de la Maison De l'Education

En ce début 2021, comment envisagez-vous le développement de ce projet ?

 

 Nous espérons que le projet pourra se réaliser et se poursuivre sans entraves liées aux effets de la crise sanitaire du Covid 19. Si tel est le cas, nous allons continuer à déployer l’ensemble des activités, en ayant une attention particulière sur le niveau scolaire et les apprentissages des jeunes filles que nous accompagnons. Car, malgré les actions éducatives alternatives ou aménagées que nous avons pu mettre en place pendant la fermeture de la MDE, une baisse du niveau général a quand même été constatée.

Plus globalement, cette crise nous fait prendre conscience, s’il en était besoin, que l’aggravation des situations des familles déjà précarisées peut subvenir à tout moment, à la faveur d’événements qui nous dépassent. Nous devrons par conséquent, à l’avenir, penser des programmes qui soient capables de s’adapter à un environnement susceptible d’évoluer très rapidement.

Le principal aspect positif résulte toutefois de la forte motivation et mobilisation des équipes pour essayer de trouver des solutions et maintenir un accompagnement de qualité. Les contextes difficiles permettent aussi, fort heureusement, de renforcer les solidarités et l’action collective.

 

 

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