La Main Harmonique à la recherche de la musique perdue

Les musiciens de l’ensemble La Main Harmonique se passionnent, dans leur dernier disque, pour la musique de la Renaissance et particulièrement le madrigal.

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La Main Harmonique

Réussir à remonter le temps ? Une utopie. Les musiciens passionnés de musique ancienne cherchent néanmoins à retrouver les sons du passé, même si c’est un idéal inatteignable. Ensemble vocal de caractère, notre partenaire la Main Harmonique fait partis de ceux-là ! Cette équipe de musiciens et chanteurs, unis autour de leur chef et fondateur Fréderic Bétous, officie depuis bientôt douze ans depuis l’Occitanie pour porter le répertoire méconnu de la musique ancienne, de la Renaissance en particulier.

Fréderic Bétous s’est passionné pour le XVIème siècle, cette période foisonnante pour la musique, afin de trouver des partitions. Ces trésors perdus ont fait le succès de son ensemble.

La Main Harmonique LMH

A la Renaissance, il n’existe pas encore en Europe de système musicale à proprement dit. Pas d’orchestres ou même d’instruments suffisamment développés pour permettre aux compositeurs d’exercer leur science musicale. Les grands concerts que l’on connaît aujourd’hui ne sont qu’un futur lointain à cette époque où règne… la voix. Souverain par nécessité́ (parce qu’il permet beaucoup plus de chose que les instruments de cette époque), le chant est le moyen d’expression musical par excellence. Le chant, et donc bien sûr le texte, religieux notamment.

La Renaissance nous a ainsi légué un merveilleux répertoire polyphonique, dans lequel plusieurs voix chantent. En mariant les voix, les compositeurs mettent en valeur la diversité́ des caractères humains, leurs singularités et leur spécificité́. Soprano, alto, ténor et basse – les voix du plus aiguë au plus grave - unissent leurs timbres pour construire des accords, des mélodies, des couleurs… ce tissage musical au service de la poésie, du texte et de l’émotion est appelé le madrigal.

Pour remonter à la grande époque du madrigal, La Main Harmonique a consulté les imprimés qui ont été miraculeusement conservés. Ils montrent combien, à la fin du XVIe siècle, le madrigal est un art populaire et répandu. Ses musiciens ont essayé de reconstituer la musique de cette époque.

La Main Harmonique Utopia

Deux chanteuses sopranos (Nadia Lavoyer & Amandine Trenc), un chanteur alto (Frédéric Bétous lui-même), et deux chanteurs ténors (Guillaume Gutiérrez & Loïc Paulin) chantent a capella, à voix nues. Parfois, ils sont accompagnés par un archiluth : deux traditions possibles à l’époque. Le respect des règles d’interprétation permet de rendre le plus fidèlement possible l’art du madrigal et d’imaginer pourquoi nos ancêtres les aimaient tant.

Cette sincérité́, cette émotion palpable et cette exigence ont hissé La Main Harmonique comme un ensemble de référence en France pour la musique de la Renaissance. Le dernier disque de La Main Harmonique s’intitule Utopia. Enregistré au château de Flamarens (Gers) où l’ensemble est en résidence, le disque est un recueil de madrigaux en italien mis en musique par quelques grands noms de l’époque : Gesualdo, Rossi ou Marenzio. Un géni vient s’ajouter à la liste : Monteverdi, le plus grand compositeur de madrigal qui nous est connu.

Utopia est un mot créé par Thomas More et formé à partir du grec ou-topos. Ou signifie « bien, heureusement » et topos « lieu, endroit ». « Dans l’ouvrage de cet érudit et philanthrope, explique Frédéric Bétous, Utopia est le nom d’une île, un monde en soi, un pays imaginaire et idéal comme l’est à mes yeux le madrigal. Celui-ci, d’une grande homogénéité dans sa forme, sans concession et extrêmement exigeant à tous les niveaux - de l’écriture à l’interprétation et jusqu’à son écoute - revêt toutes les qualités d’une parfaite utopie. »

Crédits photos : Thomas Millet / La Main Harmonique